Bob Morane T093 Les sortilèges de l'Ombre Jaune by Vernes Henri

Auteur:Vernes, Henri [Vernes, Henri]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Cycle du Temps, Ombre Jaune, Aventure
Éditeur: AlexandriZ
Publié: 1969-01-22T21:44:24+00:00

8

Logiquement, lorsque ses liens tombèrent, Morane eût dû se sentir soulagé par cet espoir de liberté. Il n’en fut rien cependant, car il comprenait que rien n’était terminé, que tout commençait au contraire. Ses pieds demeuraient entravés, ce qui lui interdisait une totale liberté de mouvements. Pour trancher les liens qui les retenaient, il lui faudrait agir au vu des dacoïts et il savait qu’avant même d’avoir pu achever son geste il serait percé de plusieurs poignards.

Durant quelques secondes, qui chacune lui parut s’étirer comme un siècle, il demeura immobile, retenant son souffle, puis doucement, sans remuer les épaules, il reposa le couteau sur le sol derrière lui.

« À présent, le pistolet, songea-t-il. C’est ma seule chance… »

Toujours sans remuer les épaules, il bougea la main droite en direction du pistolet à rayons, très doucement, en un lent mouvement d’insecte. Ses doigts se refermèrent sur la crosse, son index chercha la détente tandis que, du pouce, il abaissait le cran de sûreté ; et, soudain, il ramena l’arme devant lui, braquant le canon vers les dacoïts un instant surpris et en criant en hindoustani :

— Jetez vos poignards et reculez-vous ! Que pas un seul d’entre vous ne bouge !

Cet avertissement fut vain. Avec une telle soudaineté qu’on n’aurait pu prévoir son geste, le tueur le plus rapproché bondit dans la direction de Morane, le poignard levé. Un rayon ionique fusa, atteignant l’assaillant en pleine poitrine où il creusa un trou d’où monta une fumée noire, nauséabonde. Foudroyé, le dacoït s’abattit sur le sol où il continua à se consumer lentement.

Cet exemple ne devait pas refréner l’ardeur des autres tueurs qui, en groupe, se précipitèrent sur Morane. Un nouveau rayon les balaya, sauf le dernier qui, d’un coup de pied sec et précis, digne d’un karatéman, fit voler le pistolet. Presque aussitôt, il s’abattit sur Bob, le poignard pointé vers sa poitrine. Afin d’éviter d’être transpercé, Morane roula de côté, mais ses pieds entravés l’empêchaient de jouir de toute la liberté de mouvements désirable au cours d’un combat corps à corps. Il réussit tout juste à se tourner sur le ventre et, aussitôt, il sentit deux genoux lui peser au creux des reins, l’immobiliser ; la lame maniée de main de maître par le dacoït, allait se planter entre ses omoplates, ou dans sa nuque. Rien de semblable ne se passa cependant. Voyant son ami en danger de mort, Bill Ballantine avait brusquement pivoté sur la pointe des fesses et, d’une puissante ruade, il avait frappé en plein corps le dacoït, de ses pieds entravés, le projetant de côté. Bob ne laissa pas le temps à son adversaire de récupérer ; d’un sursaut frénétique, il se redressa sur les genoux et sa main droite, abattue à la façon d’un sabre, toucha le tueur à la pomme d’Adam, coupant net le fil d’une vie criminelle tout entière passée à la dévotion de l’Ombre Jaune.

Épuisé autant par la tension nerveuse que par l’effort, Morane se laissa retomber de côté, haletant. Bill Ballantine éclata de rire.

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